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Vu de Rome

La famille catholique remise en question jusqu’au sein de l’Église

Les débats sur la famille et la morale conjugale prennent toujours plus de place au sein même de l’Église, dans un monde où les lois divines et naturelles ne jouissent plus de la moindre considération. Un petit regard rétrospectif s’impose.

Jusqu’au concile Vatican II

La famille, cellule de base de la société, a toujours été l’objet du soin attentif des pasteurs, sans avoir pour autant ses instances représentatives à Rome. Au XXe siècle, devant les attaques de plus en plus pressantes de la société moderne, les papes ont dû dresser la barrière de la doctrine, jusqu’à fonder des instances spécifiques pour la défendre et la promouvoir.

En 1930, l’encyclique Casti Conubii de Pie XI, expose avec clarté la doctrine catholique sur le mariage et la famille. Les trois fins du mariage y sont développées dans l’ordre : 1) procréation et éducation des enfants 2) soutien mutuel des époux 3) remède contre la concupiscence.

En 1963, en plein concile Vatican II, Jean XXIII fonde la Commission pontificale pour l’étude de la population, de la famille et de la natalité, pour éclairer les pères conciliaires sur les questions concernant le mariage et la régulation des naissances. Rapidement dominée par les ultra-progressistes qui voulaient un assouplissement de la discipline, la Commission ne parvient pas à produire un texte faisant l’unanimité, et Paul VI finit par suspendre les débats sur la morale dans le mariage, se réservant la réponse pour plus tard.

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Synode sur la synodalité : Esprit es-tu là ?

Le 10 octobre 2021, le pape François lançait officiellement la phase préparatoire de la XVIe assemblée ordinaire du synode des évêques, qui se tiendra en octobre 2023 sur le thème de… la synodalité. Deux ans de «cheminement» pour continuer à transformer l’Église en ce qu’elle n’est pas.

Continuer à pédaler…

En septembre 1965, Paul VI institue le Synode des évêques, avec un calendrier de réunions ordinaires tous les deux ans. Sorte de concile en miniature, cette assemblée a pour fin de discuter des sujets majeurs dans l’Église et de manifester clairement la collégialité des évêques, si chère au concile Vatican II. Mais ce qui était une «avancée» en 1965 est clairement désigné comme insuffisant aujourd’hui : «l’Église réalise de plus en plus que la synodalité est la voie à suivre pour l’ensemble du Peuple de Dieu. Le processus synodal n’est donc plus seulement une assemblée d’évêques mais un voyage pour tous les fidèles». Comme disait Che Guevara, la révolution c’est comme une bicyclette, quand elle n’avance pas, elle tombe.

Foi et morale viennent du peuple, écoutons-le !

Le Vademecum publié en septembre 2021 pour accompagner la phase préparatoire du synode permet de comprendre la démarche. À la base se trouve une conception erronée de la foi, décrite comme une expérience vécue, une rencontre personnelle avec Dieu plutôt que l’adhésion de l’intelligence aux vérités révélées (ce qui serait réducteur !). Quel que soit son état, le baptisé est le temple du Saint-Esprit et, par nature, guidé et inspiré par l’Esprit-Saint qui manifeste en chacun la merveilleuse diversité de ses dons. Pour savoir où aller, il suffit donc d’écouter la voix de l’Esprit-Saint qui parle au travers de chacun. Conséquence : le rôle du pape n’est plus de garder et de transmettre le dépôt de la révélation mais de discerner la voix de l’Esprit-Saint dans l’ensemble de son peuple, même en matière de foi et de morale : «Les fidèles ont reçu l’Esprit-Saint par le baptême et la confirmation et sont dotés de divers dons et charismes pour le renouvellement et la construction de l’Église, en tant que membres du Corps du Christ. Ainsi, le pouvoir d’enseignement du pape et des évêques est en dialogue avec le sensus fidei fidelium, la voix vivante du Peuple de Dieu».

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«Fin de vie», l’Église de France entre dans le débat

À l’initiative d’Emmanuel Macron, le débat sur l’euthanasie et le suicide assisté est relancé en France, en vue d’une éventuelle loi d’ici fin 2023. L’Église de France y participe… À sa manière !

Un débat «citoyen» pour une future loi

Promesse de campagne du candidat Macron, l’organisation d’une Convention citoyenne sur la fin de vie a été confiée, à l’automne dernier, au Conseil économique social et environnemental (CESE). Composée de 185 citoyens représentatifs de la population française et tirés au sort, elle travaille sur la question suivante : «Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ?» Elle devra rendre sa copie le 31 mars 2023, à la suite de quoi l’exécutif devrait déposer un projet de loi.

En parallèle, divers groupes parlementaires se sont déjà formés pour rencontrer les acteurs de la fin de vie, consulter des experts, organiser des débats. Nous voilà rassurés ? Pas vraiment ! La Convention citoyenne et les travaux parlementaires qui l’accompagnent ne font que « déminer » le terrain pour faire accepter plus facilement le futur projet de loi et éviter tout débat clivant à l’Assemblée.

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Voyage du pape au Kazakhstan

Dialogue inter-religieux et allégeance aux principes de l’ONU

Du 13 au 15 septembre 2022, le pape François était en voyage au Kazakhstan pour participer au VIIe Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles à Noursoultan (Astana1). Un signe d’allégeance à l’ONU et une insulte envers Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Astana

Le Kazakhstan, un modèle pour la paix ?

Le Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles a été fondé en 2003 par Noursoultan Nazarbaïev, alors président du Kazakhstan. Premier secrétaire du Parti communiste du pays au moment de la chute de l’URSS en 1991, Noursoultan gardera le pouvoir «démocratiquement» jusqu’en 2019 au cours de cinq mandats successifs qui le verront toujours élu avec près de 95 % des suffrages.

Régulièrement critiqué dans le monde occidental pour son culte de la personnalité, la généralisation de la corruption dans le pays et son contrôle total de toute opposition, il gardera toujours de bonnes relations avec la Russie, la Chine et les États-Unis grâce au commerce des ressources naturelles du pays. Son opposition à l’armement nucléaire et son engagement pour le dialogue inter-religieux suffit au pape François pour le donner en exemple aux artisans de paix. Son successeur, Kassym-Jomart Tokaïev, est issu de son parti politique «Nour-Otan».

Le Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles à Astana

Le Kazakhstan compte 19 millions d’habitants pour pas moins de 27 ethnies. La majorité est musulmane (70 %), et une grosse partie est chrétienne, majoritairement orthodoxe (26 %). Le pays ne compte pas plus de 1 % de catholiques et possède aussi de grosses communautés bouddhiste et juive. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la montée des extrémismes religieux préoccupe particulièrement Noursoultan. S’inspirant de plusieurs initiatives de coopérations inter-religieuses, dont les rencontres d’Assise2, il fonde en 2003 le Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles pour le développement d’une culture de la tolérance et faire contrepoids à l’idéologie de la haine et de l’extrémisme. Doublé d’un secrétariat permanent, le congrès est présidé par le chef de l’État et a lieu tous les trois ans à Astana. Il s’agit d’une véritable institution internationale, interconfessionnelle et permanente pour le dialogue des religions. L’objectif est de trouver des repères humains communs dans les formes mondiales et traditionnelles des religions et de prendre des décisions concertées pour promouvoir la paix et la tolérance. Au fil des années le Congrès devient un rendez-vous incontournable. De 17 délégations en 2003, il passe à 100 délégations de plus de 50 pays différents en 2022. L’Église catholique a toujours été représentée par des cardinaux mais cette fois, malgré ses problèmes de santé et ses difficultés à se déplacer, le pape François a tenu à faire le déplacement lui-même.

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Praedicate Evangelium, pour une Eglise synodale "en sortie"

Par sa constitution apostolique Prædicate Evangelium (Prêchez l’Evangile) du 19 mars 2022, le pape François achève sa réforme de la Curie romaine, initiée au début de son pontificat. Sans se livrer à une analyse approfondie de la réforme, on peut en tirer les traits principaux pour en discerner le fond.

Une réforme à l’origine étonnanteLa predication de st Etienne detail Carpaccio Vittore r

La réforme de la Curie romaine par le pape François trouve son origine… avant même son élection au souverain Pontificat. Des mots mêmes de Mgr Mellino lors de la conférence de présentation du 22 mars 2022, la réforme s’est faite «en vertu du mandat et des indications précises que les Congrégations générales, tenues dans les jours précédant le Conclave, avaient spécifiés pour le nouveau Pontife à élire». Comme si le Souverain Pontife n’était que le représentant élu des évêques, agissant en vertu d’un mandat de délégué. De fait, le pape n’a pas tardé à agir, puisque qu’un mois seulement après son élection, il instaurait le fameux conseil des cardinaux (C9, devenu depuis C6), pour l’aider dans le gouvernement de l’Eglise universelle et travailler avec lui à la réforme de la Curie romaine. Parmi ces cardinaux, on notera la présence du cardinal Reinhardt Marx.

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