Coup de projecteur sur le groupe Saint-Malo. Jean-Baptiste est âgé de 21 ans et est étudiant à Brest. Il accomplit la totalité du « cursus » depuis 2004. Il est chef de troupe depuis septembre 2014.
Jean-Baptiste, pouvez-vous nous décrire en quelques mots le groupe Saint-Malo ?
Le groupe Saint-Malo est un groupe scout marin, composé d’une troupe scoute, d’une meute de louveteaux, d’un clan de routiers, ainsi que d’une compagnie de guides. La troupe scoute dont je suis le chef comprend 48 garçons ; elle a été créée en 2003 et est directement issue de la troupe de Mantes-la-Jolie qui comportait depuis plusieurs années une délégation bretonne. Nous effectuons principalement nos activités au prieuré de Lanvallay, à côté de Dinan. L’aumônerie est assurée par les prêtres de la FSSPX rattachés à ce prieuré.
Vous êtes chef de troupe à Lanvallay depuis septembre dernier ; qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager dans le scoutisme et plus spécialement à diriger une troupe scoute ?
S'engager dans le scoutisme se fait souvent très jeune, à un âge où les motivations restent relativement simples : imitation des camarades ou bien goût de l’aventure et volonté d’occuper ses vacances à d’autres activités que les plaisirs banauxls rencontrés aujourd’hui. Je pense que le scoutisme fait partie de ces choses dont on perçoit souvent après coup les bienfaits et là est peut-être son seul défaut : trop de garçons passent à côté de cette opportunité souvent parce qu'ils ont des a priori ou bien tout simplement parce- qu’ils n’en voient pas l’intérêt et/ou n’en ont pas le courage ; il faut y avoir goûté pour comprendre à quel point le scoutisme permet de s’épanouir sainement.
Et cela répond à votre question : c’est en premier lieu parce qu’on a conscience avec le recul de tout ce que nous a apporté une troupe, que l’on décide à mon sens de s’engager dans la maitrise pour encadrer nos cadets ; c’est tout d’abord un service que l’on accomplit par attachement à une unité qui vous a vu grandir et par reconnaissance pour tous les fruits récoltés pendant ces jeunes années.
Mais c’est également une formidable expérience humaine pour nous jeunes chefs d’une vingtaine d’années que pouvoir encadrer une cinquantaine de garçons pendant si longtemps. Organisation et planification, autorité, relations humaines, souci des âmes et finalement on peut le dire éducation, peu de personnes de notre âge ont la chance d’avoir de telles responsabilités si jeunes !
Comment pratiquez-vous la spécificité marine ? Selon quelles règles ? Que vous apporte le milieu marin par rapport au scoutisme "normal" ?
Depuis sa création, la troupe a toujours réussi à conserver au minimum une semaine du camp d’été consacrée uniquement à la navigation dans la région de Saint-Malo. Vous me direz peut-être que c’est bien peu quand on s’affiche comme marins jusque dans notre propre uniforme porté au quotidien ! Et pourtant cela représente un réel défi aujourd’hui quand on regarde de plus près les exigences financières de la voile en comparaison avec celles que l’on demande aux parents des enfants qui nous sont confiés. Aujourd’hui peu de troupes dans la Tradition parviennent à conserver autant l’aspect voile dans les activités annuelles.
L’objectif de cette semaine de voile, au-delà de l’acquisition d’un savoir-faire technique, est de laisser chaque chef d’équipage avec ses sept ou huit scouts gérer son embarcation seul. Bien sûr nous avons systématiquement un encadrement répondant aux normes d’aujourd’hui, mais l’autonomie de chaque chef d’équipage reste le maître-mot de cette semaine de navigation.
Les bienfaits du scoutisme marin sont évidents et bien décrits par le père Sevin, initiateur du scoutisme catholique de France : « La formation du caractère par le scoutisme est excellente, mais quand elle se renforce de la pratique de la mer, je ne crois pas qu’il y ait rien qui puisse lui être comparé, à condition que marin reste toujours l’épithète et scout le substantif ». Là où la pédagogie du scoutisme terrien repose principalement sur le jeu et l’imaginaire, l’activité nautique ne peut jamais être considérée comme ludique car trop risquée et sérieuse, et de ce fait responsabilise beaucoup plus les scouts qui l’affrontent.
Comment vivez-vous engagement dans le scoutisme et vie étudiante ?
Je ne vous cacherai pas que lier scoutisme et études n’est pas toujours évident ; cela demande une organisation rigoureuse pour bien réaliser et l’un et l’autre ainsi que de nombreux renoncements personnels. Cependant il s’agit d’une bonne préparation pour notre vie future car cette dualité dans les occupations est à mon sens très comparable avec la conciliation toujours plus difficile de vie professionnelle et familiale que nous connaitrons plus tard ; là encore le scoutisme reste une très bonne école de formation pour nous autres chefs.
En quoi le scoutisme contribue t-il à préparer nos jeunes à leur vie d'adulte ?
Le scoutisme est un moyen d’éducation complémentaire à l’école. On parle souvent du célèbre adage : « Mens sana in corpore sano » comme principe d’éducation chrétienne des enfants. Je pense que si l’école insiste plus sur le « mens », le scoutisme quant à lui touchera plus le « corpore », tous les deux le réalisant dans une ambiance catholique. Endurcissement, rusticité, maitrise de soi, exercice physique, travail manuel, intelligence pratique et imagination sont les principales facultés développées au cours des diverses activités sans parler bien entendu du sens de la hiérarchie très important dans le scoutisme, qui fait apprendre l’obéissance aux plus jeunes et le sens de l’autorité aux plus grands.
Je reste persuadé que le scoutisme est un atout non négligeable pour les adolescents dans leur éducation et leur cheminement vers l’âge adulte, et reste également une expérience très enrichissante pour nous qui encadrons ces activités.