Encore une réforme scolaire, une de plus ! Mais toutes ces réformes se suivent et se ressemblent. C’est toujours : « Haro sur le latin ! A mort le grec ! Moins de littérature, plus d’informatique !». C’est ainsi que, réforme après réforme, l’Education nationale est devenue une usine à produire des déshérités, une fabrique industrielle de déracinés. Le texte qui suit, réagit contre cette évolution désastreuse.
« Nous prenons le parti de la philosophie thomiste, et avant cette classe décisive, le parti du français, et des langues modernes ou anciennes ; les langues étant étudiées dans un sens de culture plus encore que d’utilité.
« Notre choix est conscient, délibéré, fondé en raison. Les auteurs, en effet, (…) font connaître et sentir l’homme à travers des œuvres qui nous charment et qui nous obligent à juger de l’homme et de son destin. Ce bienfait irremplaçable, espérez-vous le recevoir des sciences toutes seules? Les sciences vous poseront des questions chimiques et biologiques. Vous poseront-elles par elles-mêmes les questions suprêmes de la liberté, de la société, de l’amour, du péché, de la grâce – ces questions vitales avec lesquelles vous confronte implacablement n’importe quelle œuvre littéraire un peu forte. Sans doute pouvez-vous aborder des problèmes humains à propos des sciences. Et même vous le devez. Mais enfin, par les sciences, vous n’êtes pas jetés dans autant de problèmes que par la littérature, ni avec autant de profondeur et de détermination.
« Les auteurs français nous permettent de nous enraciner dans une tradition latine et chrétienne hors de laquelle nous ne pouvons pas nous cultiver. Nous ne nous cultiverons pas dans l’ignorance de nos pères. Sans doute cette tradition est-elle mêlée ; elle a souvent menti à la vérité chrétienne : c’est pourquoi nous portons un jugement et nous faisons un tri. Mais autre chose ce discernement nécessaire à qui veut vivre de la tradition, autre chose l’absence de tradition.
« Les auteurs et les sciences ne sont pas à égalité pour former un homme. Un programme dont la dominante réelle, sinon quantitative, serait d’ordre scientifique aurait pour effet (sinon dans tel cas particulier, du moins à l’échelle de la civilisation) de former un type d’homme inhumain – où les valeurs suprêmes seraient la production et la consommation. »
Ce texte a été écrit en 1958, il y a près de 60 ans, et il n’a pas pris une ride. Son auteur est le R.P. Calmel o.p. qui voulait une « Ecole chrétienne renouvelée ». A l’occasion du 40e anniversaire de sa mort, les Dominicaines Enseignantes de Saint-Pré ont pris la décision salutaire de rééditer ses livres épuisés, – à l’instar des moines copistes qui recueillaient les trésors de la culture antique et les joyaux de la littérature chrétienne pour les transmettre aux générations à venir, alors que partout les barbares déferlaient…
On peut les aider par un don adressé aux Amis des Dominicaines de Saint-Pré – 3100 route de Roquebrussanne – F-83170 La Celle (Brignoles).