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Famille d’abord : qu’est-ce à dire ?

Ce mot d’ordre du père Charmot1 a été choisi en 2005 pour titre de la Lettre du Mouvement Catholique des Familles. Une objection surgit spontanément quant à son opposition apparente à la formule bien connue de Charles Maurras : « Politique d’abord » ! Poussant plus loin le raisonnement, un lecteur suggère amicalement que cette formule serait en contradiction avec la philosophie thomiste, notamment le principe de totalité qui pose que la partie est ordonnée au tout : qu’en conséquence la famille est pour la société et non la société pour la famille. Le pape Pie XI2 opérant les distinctions nécessaires a résolu cette question en précisant très clairement les rapports entre famille et société civile :

 « La famille est immédiatement instituée par Dieu pour sa fin propre, qui est la procréation et l’éducation des enfants. Elle a, pour cette raison, une priorité de nature et par suite, une priorité de droits par rapport à la société civile. Néanmoins, la famille est une société imparfaite, parce qu’elle n’a pas en elle-même tous les moyens nécessaires pour atteindre une perfection propre, tandis que la société civile est une société parfaite car elle a en elle-même tous les moyens nécessaires à sa fin propre qui est le bien commun temporel. Elle a donc sous cet aspect, c’est-à-dire par rapport au bien commun, la prééminence sur la famille, qui trouve précisément dans la société civile la perfection temporelle qui lui convient. »

Convenons qu’une formule aussi lapidaire ne saurait exprimer tous les aspects d’une doctrine ou d’une stratégie. Concédons que s’il existait aujourd’hui une possibilité de restaurer un pouvoir politique conforme à l’ordre naturel, sans compromission avec les principes de la Révolution, tous les efforts devraient y tendre. Pour autant, il ne s’agit pas de se rabattre sur le social faute de pouvoir faire du politique. Le Cœur Immaculé de Marie triomphera mais nous ne savons ni quand ni comment ; forger une élite au cœur pur et ardent, qui se tienne à son entière disposition, c’est la seule politique réaliste et cela ne se peut sans des familles saines et saintes. Tel est le sens très politique de notre mot d’ordre « Famille d’abord ».

 

1 - Dans son Esquisse d’une pédagogie familiale.
2 - Lettre encyclique Divini illius magistri en date du 31 décembre 1929.