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Etats généraux de la bioéthique : tout n'est pas joué d'avance

En janvier dernier, le gouvernement a lancé une grande consultation citoyenne en vue de la révision des lois de bioéthique de 2011.

Sous l’autorité du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le débat sera mené jusqu’en juillet et une loi devrait être présentée à l’automne. De nombreux débats publics sont programmés, les associations seront auditionnées, des experts rendront un rapport.

Les thèmes abordés

De nombreux sujets seront évoqués : procréation médicalement assistée (PMA), don et transfert d’organes, fin de vie, recherche génétique, intelligence artificielle, données de santé, les neurosciences, la relation santé-environnement…

Un débat confisqué ?

Sous la présidence idéologique de Hollande, les sujets de société sont passés en force : cela a permis le réveil des Français «conservateurs». A l’inverse, la méthode Macron propose le consensus et la communication. Elle passe par les sondages d’opinion et la consultation pour donner un semblant de démocratie… L’approche est très libérale et consensuelle : la fin de vie sera proposée élargie au suicide assisté ou euthanasie légalisée.

 En matière de procréation, les lobbys sont déjà très actifs et il faudra répondre au «désir d’enfant» des couples homosexuels : l’article qui suit évoque ce sujet. Avec l’intelligence artificielle, se pose la question de la «fabrication» d’un homme augmenté et libéré des contraintes de la nature. En matière de recherche génétique, tout est à craindre car les progrès techniques avancent à une allure folle et l’embryon humain devient chaque jour un peu plus un simple matériau de laboratoire. «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» prévenait déjà Rabelais.

Pour certains thèmes, la décision du gouvernement semble déjà prise et les débats représenteront seulement le vernis démocratique : n’oublions pas l’avis positif du CCNE de juin 2017 concernant l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes. Macron aussi y est favorable, comme il l’avait fait entendre pendant la campagne présidentielle : «Le fait que la PMA ne soit pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules est une discrimination intolérable». Sur les questionnaires déjà en ligne, les questions sont parfois biaisées, présentant la PMA comme acquise et s’interrogeant juste sur la limite d’âge à y fixer ! Les intervenants des débats qui ont déjà eu lieu, y étaient tous clairement favorables. Il ne faut donc pas se leurrer : les propos lénifiants des dirigeants ont pour seul objectif de nous endormir.PMA

Le consensus démocratique pour référence en matière bioéthique ?

Le consensus et la majorité des avis émis donnent aujourd’hui la norme en matière de bioéthique. Il n’est pas tenu compte de la recherche du bien commun et de la vérité ni de la loi naturelle. Comme l’a rappelé Mgr Rey dans son communiqué du 22 janvier dernier, l’éthique et la morale doivent-elles changer au gré des avancées scientifiques et des progrès techniques ? Ne soyons pas dupes de cette «démocratie en trompe l’œil» !

La Croix du 3 janvier 2018 donne complaisamment les résultats d’un sondage IFOP et introduit le débat de façon subjective : on y apprend que 60 % des Français «seraient» favorables à l’ouverture de la PMA (contre 24 % en 1990) et 64 % favorable à la GPA (dont 46 % pour des raisons médicales) ! Puisque l’opinion et la société de progrès évoluent, il faut nous y résigner… et l’inscrire dans la loi… Sans compter les enjeux économiques évidents qui se cachent derrière toutes ces problématiques.

La résistance s’organise

S’appuyant sur une argumentation le plus souvent strictement naturelle, de nombreux sites ou associations amis, d’inspirations familiale et/ou pro-vie, ont entrepris de proposer des documents de réflexion et d’information. Ils ont également lancé des actions concrètes. Citons ainsi, dans l’ordre alphabétique : les AFC, Alliance Vita, la Fondation Lejeune (livret pour expliquer la PMA), les Juristes pour l’enfance (mise en ligne de fiches techniques préparatoires aux débats), LMPT (qui propose un agenda complet des débats organisés et une vidéo sur les dessous de la GPA) ou le Salon Beige (organisation d’une prière spécifique en page d’accueil).

Notons aussi que la PMA et les mères porteuses ne font pas l’unanimité dans les milieux scientifiques et intellectuels. Après deux tribunes du Monde et de Libération en faveur de ces «progrès», la riposte est parue dans le Figaro Vox du 26 janvier où trois personnalités homosexuelles ont signé une Tribune pour refuser la PMA et la GPA aux personnes homosexuelles. Ils tentent aussi de casser la bulle protectrice des lobbys LGBT, auto-proclamés leurs porte-paroles. Une autre Tribune (Le Monde du 19 janvier 2018), signée par une quarantaine de personnalités (dont Frydman et Agacinski), s’est engagée contre la GPA : le bon sens résiste toujours !

Alors que faire ?

Malgré une opinion publique peu réactive, malgré les actions immorales et puissantes des lobbys, il faut réagir. Suivre le conseil de sainte Thérèse : «prier comme si l’action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante». Chacun selon son état et à sa mesure.

D’abord prier, idéalement en famille. Par exemple, une simple prière à réciter pour la France, tous ensemble, après celle du soir, ou lue par le père de famille. Ce peut aussi être une dizaine de chapelet récitée à cette intention. Prier aussi au sein de nos cercles.

Ensuite se former. C’est le rôle de chacun, mais aussi celui des cercles du MCF. Des réunions d’étude sur ces sujets, qui sont très complexes, permettront de disposer d’arguments solides et d’éléments de langage bien tournés pour les exploiter le moment venu.

Et puis agir, d’une action réfléchie et adaptée. Les occasions ne manquent pas : ce peut être la participation à des débats locaux, par exemple, ou à des discussions avec le prêtre de la paroisse voisine, avec l’évêque, entre collègues ou avec son maire, son député ou son médecin. S’il s’agit de répondre à un questionnaire ou de signer une pétition, il faut éviter les questions biaisées ou trop peu précises et ne pas y donner suite. Pour les réunions publiques, il faut être averti des limites de l’exercice et de ses pièges et s’y rendre de préférence à plusieurs après une bonne préparation (se répartir les questions, se disséminer dans la salle etc.). Ce peut être typiquement une action de cercle.

Nous pouvons donc profiter de la démarche gouvernementale pour faire entendre notre voix. Les débats sont peut-être écrits d’avance : l’Histoire ne l’est jamais ! Il faut que le CCNE ait connaissance de ces milliers de Français qui pensent différemment. Faisons mentir les sondages et rappelons à nos concitoyens que ce n’est pas à l’Etat de légiférer sur les envies et les émotions d’une minorité et que les avancées techniques ne font pas nécessairement le progrès et le bonheur de l’homme.

Agnès de Lacoste
Mars 2018