L’exercice de l’autorité dans la famille
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Quelques observations préalables :
- La racine du mot est celle du verbe latin « augere », qui signifie créer, augmenter, faire croître. L’autorité confère un pouvoir, qui est aussi un devoir, en vue de créer (procréer), de développer, de faire grandir.
- Toute autorité vient de Dieu qui seul est créateur. L’autorité de l’homme est une délégation.
- L’autorité est un art plus qu’une science, non que rien ne puisse être acquis par l’étude, mais ce qui est attendu de l’autorité, c’est sa mise en œuvre et non l’accumulation et la restitution de connaissance.
- C’est une résultante de dispositions naturelles (tempérament) et d’acquis d’expériences (observation de celles des autres ; exercice pratique et répété des siennes).
- L’autorité relève de la vertu de prudence ; elle peut être déficiente par excès (autoritarisme) ou par défaut (laxisme)
Il n’y a pas d’autorité plus naturelle, plus nécessaire que celle qui s’exerce au sein de la famille. Dieu a voulu nous la donner en exemple dans la Sainte Famille, où les rapports d’autorité sont à l’inverse de ceux de la sainteté. C’est à Joseph, en tant que chef de famille, que s’adresse l’ange.
Dans la famille, l’autorité est une en deux personnes. L’unité est assurée par le père, l’époux. Mais l’épouse n’est pas une simple subordonnée. Le RP Charmot l’appelle la collaboratrice. Dans la Genèse : « Dedit ei adjutorium simile sibi ». Pas seulement un instrument dont on se sert, mais une aide semblable à lui, parce que « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ».
1. Le chef de famille
C’est un sujet difficile, pas dans l’air du temps, ni dans la loi civile, ni dans les mœurs. On ne peut cependant l’éluder car cette autorité est naturelle et comme telle enseignée par l’Eglise. Les désordres dans la famille, comme dans la société, viennent presque toujours d’une déficience de l’autorité, qu’elle soit méprisée, non assumée ou au contraire arbitraire. L’image de la tête et du cœur permet de comprendre ce rapport particulier d’autorité. L’homme est la tête, le pilote qui tient le gouvernail ; il a grâce d’état pour déterminer la direction à donner à son foyer. Son autorité s’exerce pour le bien commun, essentiellement par son exemple et par sa vertu, et non en vue de son confort ou de ses caprices. Il ne s’agit donc pas d’un pouvoir tyrannique sur des esclaves, mais de l’art d’unifier, en vue de sa finalité, la collaboration avec son épouse. Son autorité sera douce, humble et attentive au conseil (devoir de s’asseoir : prendre le temps de se concerter sur la conduite de la famille, telle difficulté particulière) mais il lui revient de trancher en dernier ressort les grandes orientations à prendre.
2. Rôles complémentaires du père et de la mère.
- Le schéma de principe : à l’épouse le quotidien de la famille et le soin des enfants et au mari le travail et les grandes décisions, ne doit pas tourner au cliché. Les grandes décisions (choix d’un logement, choix des écoles…) ne sont pas à prendre sans concertation, pas plus que le père de famille ne doit se désintéresser du quotidien géré par la mère de famille ni de l’éducation.
- L’épouse est le cœur de la famille qu’elle irrigue de son affection. En tant que mère, elle exerce sur ses enfants une autorité souvent plus astreignante et usante, car sans répit, malgré la fatigue. Le père, souvent moins présent, use de son autorité avec plus de recul. Il soutiendra l’autorité de son épouse en exerçant la sienne, sans être simplement l’exécuteur des corrections promises par la maman pendant la journée.
- Il y a des méthodes sûres pour casser l’autorité de son conjoint (indirectement la sienne) :
- manifester son désaccord devant les enfants
- minimiser les remarques du conjoint
- donner une permission ou revenir sur une sanction en cachette de l’autre (surtout ne le dis pas à maman !)
A l’inverse, pour renforcer l’autorité de son conjoint, sans le supplanter :
- Faire des compliments à son conjoint et s’abstenir de le critiquer
- En cas de désaccord, s’expliquer en dehors de la présence des enfants
- Se référer à l’ordre du conjoint « Qu’a dit maman ? »
- Appuyer son autorité : « Maman a besoin de votre aide »
3. Education à la liberté
Le mode d’autorité s’adapte à l’âge et au caractère de l’enfant. L’autorité sur les enfants est en effet appelée à disparaître. Elle vise à ce que l’enfant devenu adulte soit en mesure par lui-même d’adhérer au vrai et de choisir le bien. Il y a donc une progression. La petite enfance s’apparente un peu à un dressage et il convient d’habituer l’enfant à obéir sans poser de questions, avec fermeté mais sans dureté cependant (la dureté a pour conséquence d’endurcir). Dès l’âge de raison, et pendant l’adolescence, l’éducation doit créer progressivement des occasions de poser des actes bons autrement que sous la contrainte.
4. Quelques caractères généraux de l’autorité :
- Exemplarité : la nature humaine n’est pas servile ; l’obéissance est renforcée par l’admiration de celui qui exerce l’autorité.
- Savoir obéir pour commander. Celui qui critique ses chefs devant ses subordonnés doit s’attendre à être critiqué par eux, et quelquefois, trahi. Pour les parents, éviter à tout prix de critiquer ou dévaluer le prêtre, le professeur ou l’école, le chef scout, devant les enfants.
- Clarté des ordres ; à l’encontre des méthodes moderne de gouvernance ou de management, énoncer des ordres clairs et en vérifier l’application : assumer les conséquences des ordres qu’on a donnés.
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Références