La leçon de Knock
Considérer Knock comme une simple pièce de boulevard mettant à mal le personnel soignant est plaisant, mais fait injure à Jules Romain qui y aborde surtout le délicat sujet de l’autorité du praticien et pose la question de son choix.
S’adressant à son thérapeute, le patient se livre avec confiance : sans cela, il ne se plierait qu’à demi aux conseils reçus et l’intervention thérapeutique n’aurait que peu d’effets, voire aucun. Cette reconnaissance de l’autorité du thérapeute est primordiale en ce qu’elle ouvre la conscience du patient au soin et favorise grandement son efficacité. Son incidence sur le mécanisme de la guérison est alors très réelle car, en raison de l’union vitale de l’âme et du corps, les puissances de l’homme exercent entre elles une influence déterminante.
Mais l’autorité du praticien est une arme à double tranchant. En effet, qu’il le veuille ou non, il influence ses patients : qu’ils en aient ou pas une pleine conscience eux-mêmes. Et le patient qui s’est remis dans des mains extérieures, s’abandonne facilement.
Il convient donc de rester sur ses gardes et de se méfier tout particulièrement de l’influence grandissante de la philosophie orientale dans les milieux de la santé et du bien-être. Un nombre croissant de professionnels est réellement désireux de combler le vide spirituel sidéral de nos sociétés : leur désir initial est louable. Or, si beaucoup recherchent la transcendance, ils rejettent pour la plupart Dieu et ses lois. Citons ici, et entre autres, les influences du New Age ou de la psychanalyse.
Une saine philosophie, réaliste, explique clairement les rapports de la psyché et de la physiologie, sans qu’il soit besoin de recourir à des notions ésotériques qui flattent l’ego et introduisent le thérapeute et le patient dans un monde paranormal où l’on cherche à s’affranchir de la condition humaine et de sa filiation divine. Même sans s’aventurer si loin, il est vraiment nécessaire de se méfier de la mode du «tout psychologique» qui ne repose pas toujours sur des principes clairs du lien de cause à effet.
Pour autant, les rapports fréquents entre les blessures psychologiques et physiques ne sont plus à démontrer. Mais dans ce domaine très particulier qui touche à l’âme et à l’esprit, il ne faut ni créer de trouble psychique chez le patient, ni de dépendance affective au thérapeute, contraire à toute déontologie. Le vertige du pouvoir s’inscrit en faux contre l’art thérapeutique qui est d’abord au service du patient et non à celui du praticien.
Le choix d’un thérapeute doit donc s’effectuer à la lumière de ces simples rappels de bon sens. Le praticien à qui l’on se confie doit être au moins respectueux des lois naturelles. Son art lui faisant souvent tutoyer la morale, il serait bon qu’il soit lui-même catholique sachant que si «toute autorité vient de Dieu», elle y conduit également lorsqu’elle est unanimement respectée. En l’occurrence par le thérapeute et le patient.