Paroles de prêtres
L’expérience des confesseurs ne sait que trop les ravages de la pornographie sur les âmes. Nombreux sont les fidèles (de plus en plus jeunes) qui contractent une addiction à la masturbation par un accès facile et régulier aux sites, images et vidéos pornographiques. La contrition évidente des pénitents leur obtient la sainte absolution et malgré la puissance de la grâce de Notre-Seigneur, ces brebis tombent et retombent sans cesse dans le même travers. Cette addiction à la pornographie développe l’égoïsme, la jalousie et l’individualisme car elle encourage au repli sur soi, à une recherche de plaisir immédiat vécu dans le secret, solitaire ; elle fait grandir l’impatience envers le prochain qui ne satisfait pas rapidement la volonté propre. Ce drame spirituel conduit aux antipodes de la charité chrétienne et donc, du don de soi. Il est dû au principe qui régit désormais l’addict : être le centre des préoccupations de tous.
Pour rendre au fidèle sa liberté et la paix intérieure, le confesseur veille à obtenir de son pénitent qu’il repousse les causes de sa chute. Quand on a un accident, on cherche à s’éloigner des circonstances du drame pour ne pas aggraver la situation : ainsi renoncer à son smartphone lorsqu’on est à la maison et le déposer au pied d’une statue de Notre-Dame qui trône dans le séjour ou la cuisine ; consulter ses mails et faire ses recherches sur l’Internet dans un temps donné (fixer des horaires et se donner les moyens de les tenir) et toujours dans une salle ouverte à tous, en présence des colocataires ou de la famille ; ne pas « surfer sur le Web » après le dîner.
Il est criminel pour l’âme des jeunes enfants de les laisser user de smartphones sans contrôle : les parents sont souvent inconscients et donnent à leurs adolescents une confiance impossible à honorer pour ces jeunes âmes en construction. Ces « portables », si utiles par ailleurs, détruisent de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. Il est inconcevable que ces enfants puissent posséder en permanence ces moyens de communication.
Après avoir aidé son pénitent à sécuriser son âme par la fuite des occasions, le confesseur lui apprend à soigner la plaie en favorisant la contrition parfaite : que l’addict s’oblige à se mettre à genoux et à réciter dès la chute un acte de contrition en considérant la terrible flagellation que Notre-Seigneur et Ami a subie pour réparer l’impureté sous toutes ses formes ; qu’il prévoie immédiatement sa confession prochaine et s’ouvre de ses difficultés à un catholique de confiance et discret (un ami, un époux pour les adultes ; son père pour l’adolescent ; sa mère pour l’adolescente). Il est important de sortir du secret dont se protègent toujours ces chutes mortelles.
Enfin, pour créer un intervalle toujours plus important entre les chutes et pour ne plus retomber, le confesseur apprend à son pénitent l’importance de la dévotion mariale en l’encourageant à réciter un Ave Maria avant chaque usage de l’Internet et en s’endormant toujours avec son chapelet en main ; le recours à saint Joseph, patron des vierges est d’un grand soutien ; mais il faut aussi que le pénitent s’astreigne à des activités physiques et sportives régulières pour fortifier le corps contre la mollesse, l’âme contre la paresse de la volonté, et reprendre confiance en lui. La perte de confiance en soi, inhérente à cette addiction, doit se retrouver par un travail sur les talents reçus : plus le pénitent développera ses qualités et ses facilités naturelles et surnaturelles, plus il sera utile au prochain et pensera à l’autre avant de penser à soi. La charité retrouvée, ce sera la victoire définitive de Notre-Seigneur sur les passions déréglées.
Par un confesseur (abbé S. Gabard)
Suite : Les parents aux cœur du combat éducatif