La place du catholique dans la Cité - Introduction
« Une Chrétienté fondée sur le droit divin ne peut pas être restaurée de nos jours. » Voilà la principale objection traditionnellement opposée aux catholiques lorsqu’il s’agit d’évoquer le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Objection posée par les ennemis de la Foi, qui ne supporteraient pas un « retour en arrière ». Objection posée par les chrétiens au sens large, notamment les protestants, qui ne réservent pour le Christ que la seule sphère privée. Objection posée par les catholiques libéraux, qui se veulent pragmatiques, rendant à César ce qui est à César, et à César ce qui est à Dieu. Objection enfin posée par les catholiques conservateurs, qui ne croient plus possible l’établissement d’une royauté temporelle du Christ, compte tenu de la conversion mondialisée à l’athéisme et au matérialisme. Certes, parmi les chrétiens au sens large, çà et là, par poignées, des partisans d’un tel règne croient encore à sa possibilité.
Cependant prenons un peu de hauteur, et comprenons bien le point suivant : le problème n’est pas la « possibilité » de ce règne, loin de là. Le problème, c’est sa nécessité. Malheureusement, le rapport est souvent inversé. Pour beaucoup de catholiques, la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ est une belle et grande idée, et il est rare que sa nécessité soit ouvertement niée. Mais elle reste au niveau de l’idéal, inaccessible, qu’on vise sans conviction de pouvoir l’atteindre. Et par là, en quelque sorte, elle se retrouve inconsciemment niée par ces mêmes catholiques. Alors qu’ils devraient penser en rapport inverse : la royauté sociale du Christ est si nécessaire, si obligatoire, non seulement pour le salut des âmes, mais aussi pour la survie des sociétés, qu’elle doit être poursuivie quand bien même il ne resterait qu’un seul de ses partisans. La Foi nous enseigne en effet qu’une âme seule, opposée aux foules innombrables des ennemis du Christ, a la certitude absolue d’emporter la victoire avec le soutien de ce même Christ. Certes, l’argument de Foi ne convaincra que les croyants. Mais par ailleurs ce n’est pas le seul argument… la littérature traitant de la place du catholique dans la cité regorge d’auteurs ayant traité le sujet, en largeur, en longueur et en profondeur, tant sur le plan naturel que surnaturel. Il suffit, pour connaître cette place, de lire ces auteurs et d’appliquer leurs conseils qui, quelles que soient les époques, se rejoignent toujours. Mais puisque nous traversons une période singulièrement troublée, nous nous appuierons particulièrement sur les travaux du cardinal Pie (magistralement résumés par le père Saint-Just, à qui seront empruntés de nombreux paragraphes), conseiller de Napoléon III, qui ne fut malheureusement pas suivi par l’empereur, mais inspira largement de son vivant les papes Pie IX, Léon XIII et saint Pie X, ainsi que de grands penseurs laïcs comme Louis Veuillot, Jean Vaquié ou Jean Ousset. Voici donc une synthèse organisée des développements de ces grands maîtres, spécialement adaptés aux troubles de nos sociétés.
Suite : Quels catholiques doivent s'investir dans la Cité ?