L'éducation des sens
Cette éducation commence dès la naissance au niveau de ses organes sensoriels par l’intermédiaire desquels l’intelligence consciente va acquérir ses connaissances. L’enfant va petit à petit découvrir le monde qui l’entoure et se connaître lui-même.
Pour se développer et s’harmoniser, les sens n’ont pas seulement besoin d’être sollicités, ils doivent être formés, éduqués et structurés. Il faut, petit à petit, aider l’enfant à faire un usage toujours plus conscient de ses sens. Cette éducation accroît sa capacité perceptive et favorise la réception des renseignements qui lui sont donnés.
Si l’enfant est stimulé dès le berceau, à quatre ans il est en mesure de commencer consciemment à utiliser et à développer ses capacités sensorielles, d’en devenir «le maître» par des expériences répétées volontairement qui deviendront des habitudes très précieuses pour l’avenir.
Nous commencerons par l’éducation de :
L’ouïe
L’enfant entend ; nous allons lui apprendre à écouter et c’est tout un programme. Ecouter, c’est faire attention avec ses oreilles pour comprendre, retenir, redire… C’est un acte volontaire. L’enfant qui ne sait pas écouter n’aura aucune attention en classe et ne saura pas se concentrer. Le futur écolier a besoin d’une grande acuité auditive pour différencier les sons voisins comme «v» et «f» ou «b» et «p» par exemple.
Tout d’abord le bébé ne doit pas vivre dans le bruit. Nous allons développer sa sensibilité aux sons afin de l’aider à apprécier le monde du silence, du recueillement et de la concentration.
On se rend compte très vite qu’il réagit aux sons. Il y a des sons qu’il aime et d’autres qui le font pleurer.
Tout petit, il écoutera le son de la voix de sa maman qui lui parle doucement, fait sa prière près du berceau, raconte une histoire, chante une berceuse. Il faut que la maman fasse l’effort de parler correctement quoique simplement. Le bébé ne comprend pas les histoires que vous lui racontez, mais blotti dans vos bras, il aimera écouter votre voix. Des études ont montré que les bébés auxquels ont fait la lecture très tôt entendent plus de mots et maîtrisent un vocabulaire étendu par la suite. Lire et relire les mêmes histoires (les bébés aiment les répétions) aide l’enfant à associer les mots aux images, ce qui est un pas essentiel pour développer le langage. Quand l’enfant commence à parler, il faut toujours corriger les erreurs de prononciation, le faire répéter correctement les sons, les mots, les phrases.
La musique va développer son sens auditif et jouer un grand rôle dans le savoir écouter. Il faut pour cela qu’elle soit douce, gaie et courte. Ne mettez pas de musique toute la journée dans la maison.
Evitez les jeux à la mode qui font de la musique ou un son dès qu’on le manipule ou que l’on appuie sur un bouton. Le «bruit» qu’il fait détourne le jeu de sa fonction et l’enfant n’est pas attentif ni concentré sur ce qu’il fait (par exemple, un trotteur qui a pour fonction d’apprendre à l’enfant à marcher, quand il est rempli de manettes et de boutons qui font du bruit, l’enfant s’assoit et joue avec : ce n’est plus un trotteur).
Dès qu’il a un an, lorsque vous entendez un chien aboyer ou les cloches d’une église sonner au loin, faites-le remarquer à l’enfant en disant « tu entends ?» en montrant votre oreille. Très vite il vous imitera dès qu’il entendra un chien aboyer…
Vous lui apprendrez à reconnaître les cris des animaux, écouter les bruits quotidiens comme l’eau du robinet qui coule, la sonnette de la maison, la voiture de papa qui arrive… jusqu’à des bruits infimes comme le craquement d’une allumette, une épingle qui tombe sur le carrelage… Il doit arriver à les reconnaître les yeux fermés. Faites-lui également verbaliser les sons comme la fermeture éclair «zip», la pendule «tic-tac», les pieds nus sur le carrelage «pit-pit»...; inventez un peu, si besoin.
Vers trois-quatre ans, demandez-lui de fermer les yeux une minute, d’écouter et ensuite de dire ce qu’il a entendu. Cet exercice développe en lui peu à peu le sens de l’écoute et lui apprend à contrôler ses actes. L’enfant qui entendait si bien le chien ou la cloche au loin n’entendra rien au début car cette fois-ci on ne lui demande pas d’entendre mais d’écouter.
La vue
Nous allons apprendre à l’enfant à fixer son regard, à observer. Observer c’est faire attention avec ses yeux, faire attention aux détails, percevoir les couleurs, les formes…
L’attention est une fonction mentale qui requiert l’aide de la volonté et qui a besoin d’entraînement pour se développer et se perfectionner. Chaque renseignement capté par nos yeux est classé dans notre cerveau. Par l’observation nous devons susciter chez l’enfant l’admiration et développer le sens de l’esthétique, le respect de la nature et des choses. Cette éducation du beau et du bien fait naître chez l’enfant une sensibilité et une délicatesse qui formeront son goût et son attitude pour la vie (il aimera soigner ses cahiers, ranger ses affaires…).
Choisissez donc des jouets beaux et colorés, des livres joliment illustrés.
Dès tout petit, le bébé suit du regard vos va-et-vient dans la pièce. La tentation est grande de lui mettre très tôt au-dessus de son lit ou de son cosy un portique aux multiples hochets pour stimuler son regard et le pousser à les attraper. Laissez-le le plus souvent sans rien car il va voir ses petites mains bouger, puis il va les sucer et enfin les attraper et jouer avec. Il est primordial de le laisser les découvrir avant de s’en servir. Privilégiez les jouets aux couleurs primaires (je reconnais que c’est devenu difficile d’en trouver, c’est en ce moment la mode du pastel et des couleurs compliquées comme le bleu canard, le fuchsia…).
Quand l’enfant grandit, triez avec lui les jouets par formes ou par couleurs. Jouez au Memory, observez la nature. Demandez-lui de situer des objets dans chaque pièce de la maison : la casserole dans la cuisine, le dentifrice dans la salle de bain… ou les objets les uns par rapport aux autres : les pantoufles sous le lit, le vase sur la table… cela lui apprend à situer les choses dans l’espace et à prendre des repères. Comment différenciera-t-il le «b» du «d» ou le «p» du «q» s’il n’a pas acquis la notion de «devant» et «derrière», le «d» du «q» s’il ne connaît pas la notion de «sur» et «sous» ?
Incitez-le à regarder des livres d’images. Suivre du regard, jouer à cache-cache, décrire des images...
Lors de vos promenades, attirez l’attention sur ce qui l’entoure, apprenez-lui à regarder les détails, les fleurs, leur couleur, la petite fourmi qui monte le long de la tige… Lors de vos nombreux déplacements en voiture, faites des jeux qui obligent l’enfant à regarder le paysage, à observer des détails, à se repérer.
L’odorat
Les très jeunes enfants sont très peu sensibles aux odeurs. Très influençables dans ce domaine, ils répètent le plus souvent un geste d’adulte.
Il n’est pas rare qu’un petit, mis en présence de fleurs, vienne les respirer et affirmer qu’elles sentent bon alors qu’elles n’ont pas d’odeur.
Quand l’enfant commence à sentir, lui faire reconnaître des odeurs de cuisine, de fleurs, de bois, de champignon, de feu… Qu’il les identifie les yeux fermés. La mémoire olfactive est à former avant ses sept ans. Elle fixe très souvent la mémoire des lieux, des évènements.
Le goût
Il est à former très tôt. Pour que l’enfant ne fasse pas le difficile. Il faut l’habituer à manger de tout très tôt, une pointe de Roquefort à six mois, par exemple.
Je n’insisterai pas sur ce sens car il n’entre pas directement dans l’apprentissage de la lecture et l’écriture.
Le toucher
Dès la naissance le bébé est sensible au toucher. Aux environ de cinq mois, il se met à tendre les mains vers les objets qui l’entourent ou que vous lui présentez. Il va s’entraîner infatigablement à prendre, lâcher, reprendre, jusqu’à ce que ses mains soient suffisamment habiles pour maîtriser ses mouvements. Vous allez lui apprendre à distinguer les différentes matières, les formes, le poids des objets, les textures. Il fera la différence entre chaud et froid, mou et dur, lourd et léger, doux et rugueux, épais et mince, soyeux et rêche, lisse et granuleux… Plus l’enfant grandira, plus il faudra affiner sa délicatesse tactile. Il fera de la cuisine, de la pâte à modeler. Petit à petit il apprendra à maîtriser ses mains et ses doigts, à manipuler des choses fragiles et délicates sans les casser ou les abîmer. Il faut lui apprendre à se servir des deux mains afin de bien le latéraliser.