Personnalité équilibrée : de quoi parle-t-on ?
Définition
Dieu a créé l’homme selon une seule et même nature, à son image. Notre âme, qui anime notre corps, est éternelle et appelée à la béatitude céleste. De même, nous sommes des individus au sein d’une même espèce «animale», ce qui induit des similitudes. Pourtant, chaque personne est différente.
Ce qui différencie une personne d’une autre, outre ses vertus et qualités, son aspect et ses caractéristiques physiques, sa culture etc., c’est sa personnalité.
Il existe plusieurs définitions de la personnalité. Le dictionnaire en donne deux :
- Individualité psychologique de la personne telle qu'elle se manifeste dans ses comportements.
- Ensemble des traits physiques et moraux par lesquels une personne est différente des autres ; aspect par lequel quelqu'un affirme une originalité plus ou moins accusée.
Il y a dans la personnalité un aspect visible, ce qui la différencie du caractère et du tempérament. Le tempérament désigne les caractéristiques psychologiques innées d’une personne. Le caractère découle du tempérament, enrichi par l’éducation et le travail sur soi. Une personne colérique peut ainsi avoir un caractère doux à force d’efforts, parfois répétés tout au long d’une vie. La personnalité sera ainsi la manifestation des caractéristiques comportementales d’une personne, la manière dont l’individu va se comporter et se distinguer des autres de façon visible.
Il en est ainsi de l’enfant capricieux qui se roule par terre pour un gâteau ou du susceptible qui boude dans son coin s’il perd une partie de carte. Il en est ainsi de l’adolescent «scotché» à son portable, paniqué à l’idée de devoir décrocher pour le dîner, du romantique éconduit ne trouvant plus goût à rien ou de celui qui manipule ou harcèle un camarade.
Ces éléments de définition, bien que simples, nous font prendre la mesure de l’importance de trouver l’équilibre dans la construction de notre personnalité. En effet, parce que nous interagissons avec notre entourage, un déséquilibre de notre personnalité peut avoir des conséquences morales, sur nous-mêmes et sur notre prochain.
Nous comprenons mieux ce que l’on entend par «personnalité». Mais qu’en est-il de l’équilibre ? Quel équilibre atteindre ?
Quel équilibre ?
L’équilibre est un état stable entre deux ou plusieurs forces qui s’opposent. Par exemple, des finances sont équilibrées quand les dépenses sont proportionnées aux revenus. Mais qu’en est-il de la personnalité ?
Dieu a ordonné et équilibré les choses mais le péché les a désordonnées. Concernant la personnalité, les déséquilibres les plus importants sont ceux qui agissent directement sur les facultés qui déterminent notre comportement. Notre comportement est constitué par la succession des actes que nous posons. L’acte humain peut avoir plusieurs modes, du plus animal (réflexes, instinct) au surnaturel (prière, pratique de la vertu) en passant par le naturel. Si nous excluons l’agir «animal» car ne mobilisant finalement pas les facultés supérieures de notre âme, nous pouvons considérer le naturel et le surnaturel. Nos actes sont guidés par notre intelligence d’abord, qui va connaître puis juger de la valeur d’une chose et notre volonté qui va nous faire agir vers le bien que nous aurons jugé. Les émotions influent aussi sur notre agir (joie, tristesse, colère, peur, dégoût). De même, nous sommes influencés dans nos actes moraux par notre caractère (doux, timide, autoritaire, flegmatique, etc.) mais aussi notre corps (nervosité, sensibilité, aptitudes sportives, etc.).
Aussi l’équilibre entre toutes ces forces façonne-t-il notre comportement et donc notre personnalité. Mais à quoi ressemble une personne équilibrée ?
Idéal civilisationnel
La civilisation française, engendrée par les civilisations grecque et romaine et animée par le christianisme, a proposé à travers les siècles un idéal. Un dossier ne peut s’étendre sur ces idéaux qui ont marqué notre Histoire et ont forgé les saints, les grands noms et les héros anonymes de notre pays. Retenons seulement l’idéal chevaleresque, l’idéal monacal, l’Honnête Homme et plus généralement l’idée patriotique et l’atmosphère civilisée, imbibées de christianisme, qui ont fait des Français les héros de 14, les grands explorateurs et les aventuriers, les travailleurs courageux qui ont érigé les cathédrales, ceux qui ont défriché, labouré, semé les paysages, qui finalement ont sculpté la patrie charnelle.
Nous pouvons cependant en tirer quelques éléments qui nous donneront une idée générale d’un idéal à atteindre.
Nous pourrions dire qu’une personne équilibrée est d’abord caractérisée par une grande stabilité psychologique et émotionnelle. Elle sait accueillir les joies de la vie et traverser les épreuves sans se laisser abattre. Elle n’impose pas aux autres ses humeurs et ses déceptions.
«L'honnête homme ne se pique de rien» La Rochefoucauld, Maximes, 203.
La personne équilibrée a un rapport authentique avec les autres. Elle rejette tout rapport fusionnel et dominateur ; à l’inverse, elle refuse la soumission et sait dire non quand cela est nécessaire.
Une personne équilibrée a une valeur morale, elle développe ses talents et maîtrise ses défauts. Sa vertu est sans ostentation.
«Il sied d'être vertueux et de s'en cacher», Chevalier de Méré.
Elle sait rire et a un sens de l’humour, notamment elle sait rire d’elle-même. Elle reste simple et élégante, tout en sachant vivre avec autrui.
«L'honnête homme est un homme poli et qui sait vivre», Bussy-Rabutin.
Son aspect poli, élégant et humble n’est pas pour autant de la mièvrerie ou de l’hypocrisie. Non, il est authentique. Il témoigne de la maîtrise de la raison sur les émotions, de la volonté soumise à l’intelligence recherchant le vrai et le bon. Une personnalité équilibrée sait s’enflammer mais pour les choses de valeurs.

Les déséquilibres
À la lumière des quelques idées brossant un idéal et des caractéristiques d’une personnalité équilibrée, nous pouvons jeter un regard sur notre époque actuelle.
Il serait long et fastidieux d’énumérer et de passer en revue tous les maux qui frappent notre société. Nous les connaissons ; nombreux sont les livres, dossiers et articles qui les ont analysés. Nous aimerions cependant mettre en évidence quelques points.
Une personnalité déséquilibrée entretient un rapport problématique à autrui. Cela se traduit par le rejet ou l’emprise psychologique (domination et manipulation). Rapport problématique envers soi : ego démesuré (besoin d’être admiré, colères ou bouderies si l’on est contrarié) ou à l’inverse mésestime de soi (besoin d’être plaint, manque de confiance en soi).
D’une manière générale, une personne instable va conserver un aspect adolescent (on parle aujourd’hui «d’adulescent» pour désigner ces adultes qui finalement restent des adolescents dans leur tête). Ce sont des adultes qui conservent un aspect impulsif, irritable, irresponsable, immature ou inconséquent.
Un dernier point que nous pourrons soulever est le manque de bon sens, la perte du sens des réalités. Beaucoup de causes peuvent entraîner ce déracinement des esprits : la distance par rapport à la terre (virtualisation des emplois et modes de vie citadins), le manque de temps (la vie moderne est un tourbillon ne laissant que peu de temps à la méditation et à la réflexion), le vol du temps (le peu de temps qui nous reste est cannibalisé par les flux d’information incessants et par moult divertissements toujours plus addictifs) et le bourrage de crâne (les idéologues et théoriciens en tout genre fourmillent et, à force de vidéos, blogs, tweets, etc. finissent par prendre pied, voire conquérir nos intelligences).
En résumé, les principaux déséquilibres sont les suivants : manque de bon sens, déconnexion du réel, immédiateté et impatience, comportement puéril et rapport problématique à autrui. Cela ressemble furieusement à un caprice. Peut-être notre société fabrique-t-elle désormais des adultes capricieux.
Aussi posons-nous la question suivante : en tant que parents, que pouvons-nous faire afin d’aider nos enfants à construire une personnalité équilibrée ?
Suite : Le rôle de la famille