Intelligence : des principes à l'engagement !

L’intelligence est, selon saint Thomas, l’une des parties de la prudence, vertu cardinale de l’action, sens qu’il distingue de la faculté intellectuelle comme aussi du don du Saint Esprit. L’intelligence ainsi comprise assure l’interface entre les principes qui découlent de la loi naturelle et de la Révélation, la réalité de notre état et de notre environnement, les acquis de l’expérience, et la finalité de nos actes. L’intelligence qui s’évertue à manier des concepts, sans rapport avec ces éléments extérieurs à elle-même, tourne à l’intellectualisme ; selon qu’elle s’affranchit de l’un ou de l’autre, elle se trouve dévoyée, inconsidérée ou dépravée.

On use trop son intelligence à vouloir juger de tout sans nécessité ni souvent aptitude ; alors que le jugement de chacun devrait porter en premier lieu sur ce qu’il convient de faire dans la situation où il se trouve, pour accomplir ce dont il est responsable et travailler au bien commun autant qu’il dépend de lui. En vue d’entreprendre telle action qui paraît opportune, l’intelligence évalue quelle doctrine la sous-tend, quel chef la conduit, quels objectifs sont poursuivis, quelles méthodes employées, quelles conséquences prévisibles. Une fois l’action engagée, l’intelligence veille à la maintenir dans le cadre ainsi défini.

Les accès de fièvre qui ponctuent nos fins de semaines depuis des mois sont révélateurs du cancer qui ronge la France ; ils ne sauraient en constituer le remède. Quelque légitimes que soient certaines revendications et compréhensible l’exaspération face à une ploutocratie sans vergogne, ce combat sans doctrine et sans chef est voué à l’échec, exposé à toutes les manipulations, à l’anarchie ou à la répression. La France se meurt de son apostasie, du principe erroné de souveraineté du peuple et de ses avatars ; ce ne sont pas des combines de circonstance qui la feront revivre, mais le retour au Christ-Roi des cœurs, des familles et des institutions.