L'impact social de l'internet
En peu de temps, comme partout ailleurs, l’internet s’est déployé dans le « monde traditionaliste », tant comme moyen d’information que comme outil de propagande ou de déstabilisation. Chacun d’entre nous y est plus ou moins directement confronté, souvent sans formation en raison de la nouveauté du phénomène ou du peu d’attirance pour l’emballement technologique contemporain. L’internet peut alors amplifier et surtout déformer n’importe quel fait ou affirmation, entraînant des conséquences proportionnelles à l’écho qui en est fait.
Depuis l’apparition du « web 2.0 », la publication sur l’internet est à la portée de tous. Nos enfants devenus adultes publieront tous, ou quasiment, sur la toile. Ils doivent donc dès maintenant apprendre qu’il s’agit d’un espace public, sérieux et dans lequel l’ennemi rôde. Une publication peut avoir des conséquences considérables. Il est donc recommandé, là encore, d’agir avec prudence et circonspection. Qui mes écrits vont-ils engager vraiment ? Les faits que je rapporte sont-ils vérifiés et incontestables ? Comment ma publication risque-t-elle d’être utilisée ou détournée ? La responsabilité implique de ne jamais publier sans avoir réfléchi aux conséquences.
Chercher à s’informer sans discernement est le second écueil. Aujourd’hui n’importe qui se posant une question a le réflexe immédiat de se rendre sur « Google » car l’internet est une mine d’informations sans précédent dans l’Histoire. Mais l’absence d’autorité, le nivellement des valeurs et la propagation de fausses nouvelles sont des problèmes inhérents à l’internet qui doivent rendre l’utilisateur prudent. Il n’est plus rare aujourd’hui de trouver deux thèses scientifiques, l’une farfelue et l’autre vraie, dont les conclusions sont contradictoires : l’internet ne les différencie pas. De fait, chaque information trouvée sur la toile peut être contestée par une autre, il est donc très facile d’entrer dans une logique de partis au détriment de la vérité : tel site affirme tel fait donc c’est vrai. Enfin, il est aussi courant d’être déstabilisé par des propos sortis de leur contexte : un propos privé, légitime dans un certain contexte, peut se trouver divulgué au grand public de façon totalement inadéquate.
Ainsi, devant toute information qui vient de l’internet, les bonnes questions sont : Qui parle ? Dans quel contexte ? A qui s’adresse-t-il ? Dans quelle intention ? Ce discernement, difficile certes, est la clef pour éviter d’être désinformé.
Le manque de discernement et d’appréciation de ces dangers peut s’avérer extrêmement nocif : les exemples ne manquent pas. Y compris dans nos milieux traditionalistes, on l’a vu, où chacun s’érige en juge avec une facilité déconcertante, multipliant les erreurs à foison. Considérons aussi que la calomnie, la médisance ou le jugement téméraire prennent un relief bien plus épais sur l’internet. Il est donc nécessaire que les parents, professeurs ou catéchistes insistent sur notre responsabilité dans ce que nous diffusons entre « amis » sur l’internet, même sous couvert de pseudonymes. Celui qui n’oserait dénigrer une personne à haute voix dans un hall de gare, fera malheureusement bien pire en se « défoulant » sur l’internet.
Mais il y a également un travail remarquable à faire sur la toile : tout d’abord, la réponse aux attaques doit également s’y opérer puisque c’est aussi par ce biais que la Tradition est perçue, jugée ou attaquée. L’internet peut être également un très bon moyen d’apostolat et il n’est plus rare de voir des personnes pour lesquelles la découverte de la Tradition de l’Eglise est passée par cet outil, particulièrement parmi la jeunesse.
L’internet n’est donc finalement qu’une technologie en soi totalement neutre. Toutefois, le développement de ses possibilités et caractéristiques tout à fait fascinantes réclame un accroissement proportionnel de vertu pour en faire un bon usage. Nos enfants vivront dans un monde de plus en plus « connecté », que cela nous plaise ou non : cette réalité est incontestable. Il est donc primordial qu’ils soient correctement formés à son utilisation et conscients qu’un ordinateur n’est pas un jeu mais un outil dangereux.