Vieillesse et fin de vie
La vieillesse est le crépuscule de la vie terrestre, l’aube de l’éternité. C’est une période qui couronne l’existence et représente la fin de la course vers la vie éternelle. Un regard chrétien sur la vie permet d’observer combien la vieillesse est une grâce ; et pourtant, d’un œil plus humain, elle peut aussi apparaître comme une épreuve.
La pyramide des besoins humains décrite par le psychologue A. Maslow se trouve tout entière ébranlée par la vieillesse ; dans son fondement d’abord, par les nombreuses misères physiques plus ou moins handicapantes qui sont le lot de toute personne âgée ; mais également dans tous les besoins psychologiques qui se trouvent eux aussi mis à mal par l’âge : le besoin de sécurité physique, psychique ou économique. En effet, la personne âgée peut craindre les chutes et blessures, perdre la tête ou encore ne pas avoir suffisamment pour vivre et constituer un poids pour son entourage.
Socialement parlant, si on ne veille pas à l’inclure dans les décisions et à écouter son avis souvent plein de sagesse, la personne âgée peut vite se trouver placée à l’écart des informations qui circulent et se sentir exclue, n’appartenant plus au groupe des actifs. « Que l’on vive à Paris, on vit tous en province quand on vit trop longtemps »(Jacques Brel, Les Vieux). Veiller à inclure les anciens dans notre quotidien trépidant demande de se mettre à leur rythme, de prendre le temps. Très souvent, à cause de son ouïe qui baisse ou tout simplement parce que son esprit n’est plus aussi vif que dans ses jeunes années, on entend la personne âgée se plaindre « ça va trop vite »… et si l’on n’y est pas attentif, c’est ainsi que l’on risque de contribuer à diminuer son estime d’elle-même, la poussant à ne plus se sentir « à jour » et pire, inutile.
Cet effondrement progressif des bases de la pyramide des besoins se rapproche de la « souffrance globale » définie par Cicely Saunders. Connue pour avoir développé le concept des soins palliatifs, cette infirmière anglaise décrit l’aspect multidimensionnel de la souffrance propre à la personne en fin de vie. Sous cet angle, même quand sa fin n’est pas forcément imminente, une personne âgée doit être accompagnée de cette façon, simplement parce qu’elle voit se profiler l’aboutissement de son pèlerinage terrestre vers la vie éternelle.
Cette souffrance propre à la fin de vie est à la fois physique, on l’a dit, mais aussi psychologique, par l’altération de l’image de soi, les peurs, les pertes et deuils ; sociale, par la modification ou la suppression fréquente des rôles sociaux entretenus par le passé (conjoint, père, mère, ami…) ; et enfin spirituelle, dès lors que le sujet prend conscience que sa fin approche.
Suite : Inversion des rôles et questionnement face à l'inconnu du grand âge